HONDURAS. Reitoca est une petite municipalité qui se trouve au sud du département de Francisco Morazán et qui est voisin avec les municipalités de Lepaterique et Ojojona au nord, de Alubarén au sud, de La Venta et de Sabana Grande à l’est et de Curarén à l’ouest.
Pour arriver à Reitoca, il faut prendre la route qui va de la capitale Tegucigalpa à la ville de Choluteca au sud du pays. Au croisement de La Venta del Sud, on bifurque alors sur une petite route en terre qui serpente à travers les montagnes. Le voyage prend environ trois heures et demi en bus, dont deux sur des routes en terre que la pluie rend, en cette saison, très chaotiques.
Dans ce petit endroit éloigné de tout, se joue une des luttes les plus importantes du pays pour la défense des ressources naturelles. Une communauté issue du peuple indigène Lenca, sans ressources financières, livre avec dignité une lutte contre la construction d’un barrage qui modifierait le cours et le débit de la rivière Reitoca. Celle-ci est leur principale source d’eau.
Plus de 300 personnes soutiennent le campement du comité de protection de la rivière Reitoca. Il s’agit d’une rivière sacrée pour le peuple Lenca et d’une source de vie pour toutes les communautés du « corridor sec » de l’Amérique centrale. Ils et elles s’opposent à la construction par l’entreprise PROGELSA d’un barrage qui laisserait plus de 12’000 personnes sans eau. La construction du barrage a commencé sans que la population soit consultée, ni même informée. Les habitant-e-s ont été « informé-e-s » du projet quand ils ont commencé à entendre les explosions de dynamite dans la montagne.
De leur côté, les autorités locales ont gardé le silence lorsque la population a commencé à se battre pacifiquement. Elles affirment soutenir la lutte malgré le fait qu’elles se refusent à donner des informations sur le projet au public. Cette information doit, selon la loi, être publique et facilement accessible à toute personne qui en fait la demande. C’est grâce à un ex-conseiller municipal que les habitant-e-s ont pu accéder à certains aspects légaux du projet et se rendre compte de la complicité des autorités municipales au sujet de la concession de la rivière.

Séance d’information dans la communauté de Reitoca. © PWS Honduras, 2018
Que s’est il passé avec le processus de consultation ?
Comme d’autres territoires ayant reçu une concession pour la réalisation de projets extractifs de la part des autorités honduriennes, le projet hydroélectrique de Reitoca n’est pas passé par un processus de pré-consultation libre et informé comme le prévoit la convention 169 de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux.
Pour cette raison, les habitant-e-s de Reitoca ont eux-mêmes initié un « cabildo abierto » (l’équivalent local d’une landsgemeinde), afin de déclarer leur territoire ancestral libre de toute forme d’extractivisme que ce soit pour la production d’énergie ou la recherche de minerai. En effet, en plus du projet de barrage, il existe actuellement au moins quatre demandes de concessions minières sur leurs terres.
Peace Watch Switzerland accompagne cette communauté et avance avec elle sur le chemin de la défense des droits humains.
Jimmy Bermudez, PWS Honduras, juin 2018
(Traduit de l’espagnol par Julien Christe, PWS)
Légende Image à la Une: Rio Grande de Reitoca © PWS Honduras, 2018
Pour obtenir plus d’informations sur le contexte de ce cas : https://www.hispantv.com/showepisode/episode/camara-al-hombro-lucha-por-el-rio%C2%A0reitoca/55395