Les ex-prisonniers politiques rentrent chez eux!

Ce samedi 30 juillet, à 4 :00 du matin, un groupe de personnes accompagnées de banderoles et haut-parleur attend l’arrivée des ex-prisonniers politiques devant le palais national de la plaza central à Guatemala City. Malgré l’heure matinale, la bonne humeur règne, tous se réjouissent de l’arrivée des ex-prisonniers politiques et de participer au voyage qui durera deux jours: après plus d’un an d’emprisonnement, les 7 ex-prisonniers politiques retournent chez eux.

C’est au rythme de discours et de musiques que la caravane avance vers sa destination finale, Santa Eulalia pour Domingo Blathasar et Rogoberto Juaréz. Barillas pour Ermitaño Lopez, Adalberto Villatoro Lopez, Francisco Juan Pedro, Artur Pablo et Mynor Lopez. En chemin ils se sont arrêtés dans plusieurs communautés pour les remercier de leur soutien, notamment dans la communauté d’Alaska, où ils en ont profité pour rendre hommage au peuple Ki’che’ de Totonicapán en mémoire du massacre du 4 octobre 2012.

Un des avocats en charge de la défense, Benito Morales Liner, a rappelé la valeur de la décision rendue par la juge Yassmin Barrios. Ce jugement est historique car il reconnaît  le droit à l’existence, la légitimité et le rôle des autorités ancestrales. Les leaders, eux, ont insisté dans leur discours sur le but commun de leur lutte, protéger l’eau, car “sans eau il n’y a pas de vie”.

Daniel Pascual, ancien prisonnier politique était également présent. Une manière de rappeler que bien que tous soient présents à ce moment pour fêter le retour des ex-prisonniers dans leurs communautés, la criminalisation des défenseurs du territoire n’est pas un phénomène isolé, mais une réalité constante (1). Maintes fois a été exprimée l’idée que cette persécution ne va pas cesser sans un changement structurel profond. Pour ce faire, il est nécessaire dépasser les clivages ethniques. C’est seulement en s’unissant que le peuple guatémaltèque pourra imposer à l’État le respect de leur droit à la vie et à la lutte, de leur droit à la consultation et au respect de leur territoire.

Leila, juillet 2016

(1) Le 15 août 2016, des hommes armés se sont présentés au domicile de Ramon Cadena, directeur de la Commission Internationale des Juristes pour l’Amérique latine qui avait témoigné dans le cadre du procès des 7 prisonniers politiques. Ces actes sont considérés par l’intéressé comme des actes d’intimidation directement en lien avec son activité d’avocat et visent à freiner son engagement  dans les procès liés à la justice transitionnelle au Guatemala, notamment.

Voir:

Communiqué de la Commission internationale des Juristes: http://www.icj.org/icj-strongly-condemns-attack-on-its-director-in-central-america/

Conseil national des barreaux français: http://cnb.avocat.fr/Observatoire-international-des-avocats-en-danger-Soutien-a-Ramon-Cadena-avocat-guatemalteque_a2748.html

Amérique_Central_LeCourrier_2016-08-22-page-001

Article sur le procès des leaders de Huehuetenango paru dans Le Courrier, le 22 août 2016

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