HONDURAS. La tribu Tolupane de San Francisco Locomapa fait partie intégrante des peuples ancestraux formant la diversité ethnique du Honduras. Ils sont établis dans les zones rurales des départements de Yoro et Francisco Morazan, depuis le XIIème siècle, et possèdent un titre de propriété ancestral pour ces terres datant de 1864. Malgré les nombreuses menaces, attaques et les massacres, ils exercent depuis toujours une résistance contre ces différentes formes de domination. Cette communauté s’est unie à la lutte que mène depuis 2008 le « Movimiento Amplio por la Dignidad y la Justicia »(MADJ).
Dans ce cas particulier, la tribu résidant dans la communauté de San Francisco Locomapa fait face à un nouveau cas de criminalisation visant 9 membres de la tribu, hommes et femmes, qui luttent contre la déforestation. Selon le récit rapporté durant le procès, le processus de criminalisation a commencé par un appel au 911 (numéro d’appels d’urgence) durant lequel l’entreprise d’extraction de bois INMARE en collaboration avec l’Institut de Conservation Forestière (ICF), accusait les défenseur-e-s du peuple Tolupan d’entraver le plan de gestion forestière. Selon les membres de la tribu, le plan de gestion a été validé sans avoir fait l’objet d’aucune consultation contrairement à ce qu’établit la convention 169 de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) sur les peuples autochtones.
Le ministère public (MP) a démarré un nouveau processus législatif le 24 juin dernier au tribunal de Yorro. Le paradoxe est que le MP n’a pas mis longtemps à donner suite à cette dénonciation alors qu’il n’a rien fait au sujet de celles posées par la tribu Tolupan de San Francisco Locomapa concernant les 19 personnes assassinées, depuis 2013, car elles défendaient leurs droits, leur territoire et leurs biens communs face à la prédation de l’entreprise et des propriétaires terriens. En réalité, le MP a comme mandat de représenter les intérêts de la société hondurienne et non ceux d’un groupe particulier.
La représentation légale du peuple indigène Tolupan de San Francisco Locomapa est exercée par ses compagnons du MADJ engagés depuis longtemps pour leur cause. Le MADJ a réalisé à cette occasion un appel à d’autres organisations de défense des droits humains afin qu’il se joignent à ce mouvement de défense de la vie.
L’audience du 24 juin s’est centrée sur la présentation de preuves. Celles présentées par le MP ont été fournies par l’entreprise ainsi que par certains membres du conseil de la tribu de San Francisco Locomapa qui sont en faveur de celle-ci. Mais en réalité, ce sont également des victimes, qui ont été convaincues par de fausses promesses de développement économique de leur communauté. Bien que l’audience ait duré un certain temps, il n’a pas été possible de présenter les témoins des différentes parties en conflit. La suite de l’audience a ainsi du être reprogrammée pour le 3 juillet. Mais elle a été annulée car les procureurs et les juges ont décidé de partir en vacances. Par conséquent, l’article 128 du Code de procédure hondurien a été violé, car il dispose que “pour la pratique des phases préparatoires et intermédiaires d’une procédure, chaque jour de l’année est considéré comme un jour ouvrable”. Cet exemple démontre une nouvelle fois de quel côté penche la balance judiciaire.
Peace Watch Switzerland, tout comme les nombreuses associations nationales et internationales présentes à cette occasion, a montré son engagement pour les défenseur-e-s de droits humains en accompagnant le cas de la tribu Tolupan de San Francisco de Locomapa. Le MADJ assure toujours sa défense et sollicite la libération définitive des neufs défenseur-e-s criminalisé-e-s dont le seul crime est de protéger leurs forêts et leurs biens communs de la main destructrice des plus puissants.
Équipe de PWS, Tegucigalpa
Photo: équipe de communication du Movimiento Amplio por la Dignidad y La Justicia.
Sources:
https://redhonduras.com/cultura/etnia-tolupan-honduras/