À Namasigüe, une municipalité du sud du Honduras, l’action prédatrice de la nature exercée par les industries extractives par le biais de l’installation de centrales photovoltaïques est au centre d’un conflit dans la région connue sous le nom de “Los Prados”. Un grand nombre de ces « centrales solaires » ont été installées sans informer les habitants de leur fonctionnement, dont les effets négatifs peuvent affecter la santé et les moyens de subsistance de leurs habitants sans négliger les dommages environnementaux causés à la flore et à la faune de la même communauté.
La corruption est un élément inhérent à la création de ces entreprises énergétiques: beaucoup d’entre elles ont été créées quelques mois avant le processus d’appel d’offres et leurs dirigeants et hauts fonctionnaires étaient des responsables gouvernementaux qui utilisaient des prêtes-noms pour compenser l’allocation illégale de concessions et de licences. Ce schéma a été mis en évidence par la l’UFECIC-MACCIH (Organes de la OEA et de l’État du Honduras chargés de la lutte contre la corruption) dans le cas de fraude sur le projet Gualcarque River et celui-ci se retrouve dans la majorité des projets d’«énergies propres».
De nombreuses communautés ont protesté contre cette situation et ont fait face à une forte répression, criminalisant plus de 22 leaders communautaires dans la défense du territoire de la municipalité de Namasigüe. Selon les habitants, ces projets ont également des effets négatifs sur la population: maux de tête fréquents, températures élevées, impacts environnementaux négatifs dus à la perte de la flore, de la faune et des sources d’eau. La réalité est encore pire, car ces sociétés ont fait les demandes afin d’installer davantage de centrales photovoltaïques dans d’autres communautés de la municipalité.
Face à cette situation, les habitants de différentes communautés et villages de Namasigüe ont organisé le développement d’une initiative de consultation populaire avec le soutien d’organisations locales et nationales expertes dans ce domaine. À la fin du mois de juillet 2019, une première phase de de sondage avait été lancée. Elle consistait en 4 questions permettant de connaître l’opinion des habitants sur la question de savoir s’ils souhaitaient ou non installer des projets d’exploitation minière et d’énergie solaire dans leur municipalité.

Pendant une semaine, PWS a accompagné ce processus et nous nous sommes rendus dans la communauté de La Bonanza, où les gens ont gentiment ouvert la porte de leur maison aux responsables du recensement. C’est une communauté qui connaît très bien les effets négatifs des panneaux photovoltaïques, tels que la chaleur excessive suivie de périodes de sécheresse plus longues.
C’est également une communauté autonome qui sait que ce sont les personnes qui doivent décider de l’utilisation et de la gestion des biens naturels de la municipalité. Ceci est confirmé par une habitante de Bonanza, Doña W., qui, lors de l’accompagnement et de la visite de sa maison, déclare ouvertement qu’elle ne veut pas l’installation de panneaux photovoltaïques: “La population sera celle qui décidera et si elle ne veut pas, elle ne le fera pas” (Se référant à l’installation de plus d’entreprises photovoltaïques).
Mais la peur fait également partie de la vie quotidienne des habitants des communautés et des villages. Peur d’être trompé à nouveau et que leur opinion, comme à bien d’autres occasions, ne soit pas entendue. Don C., un résident de la communauté, qui, lors du recensement, demande: “Dois-je signer? Je n’aime pas beaucoup ces choses-là, car à d’autres moments, ils sont venus parler de projets et nous ont fait signer mais, ensuite, ils ont fait le contraire de ce que nous voulions.“

Cette réaction de Don C. nous donne un exemple du fait que les sociétés extractives ne consultent jamais ni n’informent sur l’installation de leurs projets et pas seulement cela, car à de nombreuses occasions si les habitants de la communauté refusent l’exécution du projet et mènent des actions de résistance, ils sont fortement intimidés et réprimés, et les entreprises, dans un effort d’installation illégal, tentent de diviser la population en parlant des supposés “effets positifs et sur le développement” de la communauté.
La réalisation de ce sondage est une première étape qui aboutira à la réalisation d’une consultation populaire au cours de laquelle les habitants des villages et des communautés de Namasigüe pourront exprimer librement et sans pression s’ils souhaitent ou non que dans leur municipalité soit réalisés de nouveaux projets miniers et photovoltaïques.
Équipe de PWS, Tegucigalpa
Photo: Asociación de Mujeres en Defensa de la Vidas (AMDV), 2019.