« En définitif, où commencent les droits humains universels ? Dans les petits endroits, près de la maison ; dans des endroits si proches et si petits qu’ils ne paraissent sur aucune carte […] Si ces droits ne signifient rien dans ces lieux, ils ne signifient rien dans aucun autre. Sans une action citoyenne coordonnée pour les défendre autour de nous, notre volonté de progrès dans le reste du monde sera vaine. »
Eleanor Roosvelt
A propos du 10 décembre, jour de commémoration des droits humains, à Peace Watch Switzerland, nous voudrions mettre en lumière le travail que réalisent les défenseurs et défenseures de la nature et des droits humains qui se voient confrontés quotidiennement à des violations systématiques de leurs droits. Un exemple de cela est la situation actuelle en Amérique latine, où un panorama généralisé de militarisation de la société approfondi la violence structurelle et réduit au silence les peuples qui réclament la dignité pour leurs vies. Le Honduras n’est pas épargné par cette situation.
L’année passée, la Déclaration universelle des droits de l’homme a fêté ses 70 ans. On commémore, chaque 10 décembre, le jour où cette déclaration a été adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU. Aujourd’hui, à 71 ans de cette date, nous voyons comme une réalité toujours plus lointaine le respect plein et entier des droits humains universels, principalement de la part des États ; alors que selon l’ONU : « Proclame les droits inaliénables inhérents à tous les êtres humains, quel que soit leur race, couleur, religion, langue, opinions politiques ou autres, origine nationale ou sociale, propriété, lieu de naissance ni aucune autre condition. »1
Nous avons demandé à une des associations que nous accompagnons son avis sur la question. Pour Allan Torrez membre d’ADEPZA2 : « Il est bien compliqué de célébrer réellement cette date au Honduras, où il y a beaucoup de violations des droits humains ; C’est donc compliqué, mais je pense qu’il est très important que ce jour serve pour dénoncer tous les types de violations des droits humains parce qu’au Honduras ils continuent à les commettre […] Et cela implique qu’il faut, afin de célébrer ce jour, être conscient de ces faits. Mais je crois que, en ce jour, les défenseurs et défenseures de droits humains devraient, non pas sortir pour le célébrer mais plutôt sortir afin d’exiger le respect des droits humains. En général, la situation est critique, difficile, et chaque jour la situation empire. »
Comme Allan, nous pensons que cette date est importante afin de rendre visible la situation de violation des droits humains, mais la revendication des différentes luttes au Honduras est quotidienne. Ceux qui la mènent et qui s’organisent pour demander leurs droits, le font pour l’intérêt collectif, mettant en avant le principe d’universalité, mais ils sont invisibilisés dans leurs vies quotidiennes.
Dans son rapport de pays du 27 août 2019 (Doc. 146) la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) : « Situation des droits humains au Honduras » dit dans l’une des ses conclusions ; « De même, l’État doit assurer une transformation réelle et effective de la situation de pauvreté, exclusion et inégalité structurelle persistante dans le pays, qui impacte l’exercice et la jouissance des droits humains, en premier lieu des groupes en situation de risque particulier. Il est nécessaire d’adopter des mesures effectives et respectueuses des standards internationaux applicables. »3
En lisant cette conclusion, ils est bon de se demander : Quelles actions effectives a mises en place l’État du Honduras pour protéger les droits humains ?
A PWS, une organisation d’accompagnement et d’observation des droits humains présente au Honduras, nous avons observé comment la situation du pays empêche une défense légitime des droits humains. Principalement, ceux qui les défendent se voit soumis à la criminalisation et à la stigmatisation, ce qui produit des effets néfastes pour les défenseur/es. Un scénario commun est l’utilisation du droit pénal pour criminaliser une majorité des défenseurs et défenseures de l’environnement et des droits humains.
A ce sujet, dans sa recommandation numéro 18, la CIDH manifeste : « Prendre des mesures urgentes pour éviter le harcèlement judiciaire contre les défenseurs et défenseures de droits humains, comme des protocoles et des cours pour les opérateurs de justice, afin d’éviter que, au travers d’investigations judiciaires, soient soumis à des procès injustes ou infondés les défenseurs et défenseures de droits humains. »4
Il est donc important de rendre visible et d’ouvrir des espaces qui promeuvent l’application des principes universels et inaliénables. Que ceux qui défendent les droits humains ne soient pas soumis à des discriminations et que soit garantis leur exercice avec dignité.
Nous continuerons à travailler comme organisation d’accompagnement international « en camino por los derechos humanos », afin de défendre le respect et la dignité de la vie. « La liberté n’est jamais données volontairement par l’oppresseur ; elle doit être exigée par celui qui est opprimé. » Martin Luther King
1 https://eacnur.org/blog/dia-de-los-derechos-humanos-tc-alt45664n-o-pstn-o-pst/
2 Asociación Para el Desarrollo de la Península de Zacate Grande – Honduras.
3. p.185 https://www.oas.org/es/cidh/informes/pdfs/Honduras2019.pdf
4 p.188 Ibid
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